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Portrait de Christian de Rabaudy



Une vie sous le signe de la maladie


La surveillance de son poids est depuis six ans le thermomètre de l’existence de Christian de Rabaudy, depuis que le diabète l’a contraint, à 51 ans, à une retraite anticipée de son métier

de professeur de philosophie. 
Mais la maladie a déjà fait partie très tôt de son univers. La soude caustique a brûlé son visage lorsqu’il avait trois ans et demi. Il a hérité d’un œil en plastique, prothèse dont il célèbre obstinément l’existence.


Mais néanmoins un homme très drôle


Doté d’un physique atypique qui frappe le regard, Christian de Rabaudy n’hésite pourtant pas

à mettre un point d’honneur, alors qu’il ne manque pas de moyens, à se vêtir exclusivement de vêtements trouvés dans la rue. 
Le résultat est évidemment comique, mais cela ne le gêne nullement : des vêtements inévitablement trop grands ou trop petits.
Comique, il l’est aussi par cet œil en plastique trop large, sa gestuelle burlesque et par sa façon de hanter les rue de Paris avec sa silhouette tordue à la recherche de nourriture spirituelle et matérielle également gratuites. 


Un homme de contact


Sa vie se confond avec une perpétuelle répétition de tentatives de connaître l’autre par la voie de la communication. Des tentatives, qui sans qu’elles subissent systématiquement l’échec, n’aboutissent pas non plus. 
Ces tentatives, jouant de stratégies différentes, sont autant de combats pour vaincre sa solitude, obtenir une étincelle d’amour et retrouver son adolescence perdue.


Un homme verbeux


La parole, ou plutôt un flot tumultueux de paroles, aide Christian de Rabaudy à donner un sens

à sa vie. Car en fait, il est dans une impasse : il n’a d’autre perspective que de moins souffrir chaque minute de sa vie.
Les mots dont il enivre lui et les autres sont son antidote. Il les puise dans le réservoir de son savoir, la philosophie, l’art, la littérature. Mais une particularité colore chacun de ses propos d’une note comico-tragique : un bruit de bouche dont il a seul le secret ainsi qu’une diction inspirée de Louis Jouvet.


Ses deux muses Natacha et Alessia,


Elles ont toutes deux 22 ans.
Natacha est une ancienne élève de Christian. 
Leur relation est riche en soubresauts. Outre la différence d’âge, celle-ci est rythmée par des discussions et des disputes souvent très vives, mais leur relation y survit. 
Thème récurrent de la conversation de Christian de Rabaudy : un voyage mythifié d’une semaine avec Natacha en Italie suivi d’un autre de 5 jours en Irlande. Et pour les sceptiques : des photos

à l’appui.
Alessia est une jeune mannequin rencontrée dans la cage d’escalier de son immeuble. Celui-ci est en effet voisin d’une école de mannequinât où Christian ne perd jamais une occasion de dire un petit bonjour.
Il est tombé évidemment amoureux d’Alessia et, depuis, la bombarde de poèmes. Mais la belle doit bientôt repartir vers l’Italie, son pays…

La présence de chacune de ces filles à ses côtés évoque l’ambiance étrange de La Belle et la Bête, une bête faite de finesse, de légèreté et d’intelligence.


Un rapport narcissique avec l’image


Christian de Rabaudy a une relation très intense avec l’image, en particulier avec son image. 
Il est très photographié tout au long du film par Natacha et son ami Hervé, photographe de studio. 
Christian a lui-même un appareil photo, qu’il utilise tout au long du film. Il photographie Natacha et Alessia.
Christian prend également en photo la caméra et lui parle comme si elle ne faisait qu’un avec moi.
Tout au long du film s’établit ainsi un jeu de miroir narcissique entre lui et la vedettisation de son personnage que lui offre ma caméra. 
L’objectif de ma caméra devient pour lui une façon d’interroger le monde et de sublimer sa solitude par un dialogue interposé avec lui-même via les autres.


La sacralisation de la cuisine


La cuisine, l’art de préparer et de manger des plats, occupe une place centrale dans la vie quotidienne de Christian de Rabaudy. 
C’est une relation presque maladive qui révèle derrière la méticulosité du cérémoniel de la table son combat contre la mort : manger à cause de son diabète est à la fois un acte de mort et de vie. Acte qu’il cherche chaque jour dramatiquement à partager avec quelqu’un. 
Mais trop souvent son immense solitude ne lui fournit aucun invité.


L’évasion par la culture


Christian de Rabaudy possède des milliers de livres, des centaines de disques vinyles et de CD dans son grand appartement de Paris et dans sa petite maison de campagne. Christian vit aussi entouré de beaucoup de tableaux, les siens et ceux des autres. Mais aucun de ses artefacts de la culture ne parviennent à calmer son impérieux besoin de rencontre humaine, le seul vrai élixir

de sa vie.


Les publications de Christian de Rabaudy :


DU POSITIVISME MÉTAPHYSIQUE ; ÉDITIONS MONADES, 1990
ÉMILE MEYERSON, IDENTITÉ ET RÉALITÉ, ÉDITIONS HATIER, 1976
LE SUJET, LA SCIENCE, LA PRATIQUE, ÉDITIONS HATIER, 1974
L’ACTION, ÉDITIONS HATIER, 1974
LA SCIENCE, ÉDITIONS HATIER, 1974
LE SUJET, ÉDITIONS HATIER, 1974
LA CONNAISSANCE , TEXTES PHILOSOPHIQUES, ÉDITIONS HATIER, 1970